Linkin Park-Hybrid Theory EP

Linkin Park



Hybrid Theory EP
Mini-Album
Année: 1999
Genre: Rock

Par:Ryu78

Line-up:

-Mike Shinoda: Rap, arrangements instrumentaux
-Chester Bennington: Chant
-Joe Hahn: DJing, mixage, arrangements sonores
-Rob Bourdon: Batterie
-Brad Delson: Guitare


Tracklist :

01-Carousel
02-Technique(short)
03-Step Up
04-And One
05-High Voltage
06-Part of Me

-Secret



Mais quelle est donc cette chose? Ce n’est pas un single, ce n’est pas une nouveauté, ce n’est pas non plus un bootleg. Non. Ceci, c’est simplement le tout premier album du groupe de « rock-hybride »(disons) Linkin Park, paru en 1999, édité a 1000 exemplaires seulement, avant même le reconnu Hybrid Theory. Ou en est-t-on donc ? Les membres du groupe qui a ce moment s’appelle justement Hybrid Theory et non point encore Linkin Park, ont décidé de faire de la musique, non pas forcément pour la gloire ou avec une considération sérieuse, mais avant tout pour exercer leur passion, bien rigoler… et foutre la zone. Leur ancien chanteur, Mark Wakefield(que l’on peut entendre dans les compositions de l’époque ou le groupe se nommait Xero), vient de déserter la place, le groupe en recrute donc un nouveau : ce nouveau n’est nul autre que le « fameux » Chester, aujourd’hui quasi-mondialement connu …

Et la voilà donc, la mini-galette des débuts. Que nous propose-t-elle ? En réalité, rien qui ne ressemble aux tubes quasi-pop du groupe que l’on nous a rabâché des années durant sur les grandes chaînes de télévision et les radios à succès. Non, au contraire. Hybrid Theory EP est un disque cru, agressif. Un disque tendu, empli de stress et de douleur. Et son ambiance est faite de ténèbres. Ce disque est en fait très court, pas plus d’une demi-heure, qui vous embarque dans une sorte de voyage-éclair. Mais il ne sera question d’aucun répit. L’album démarre en trombe avec le titre Carousel. Le son, est faible, un murmure, on commence a entendre un violon, puis ce qui ressemble a la voix d’un prêtre musulman en train de prier. Soudain, le premier couplet, démarre, et Shinoda commence a décrire, avec une tension, sur un phrasé rap enragé et essoufflé, l’enfer de la dépendance. Ses vocaux stressés, récités par-dessus un murmure sonore strident et un beat de Rob régulier et dosé a la perfection, nous feraient presque ressentir le désastreux état psychique dans lequel le personnage décrit se trouve. Arrive le refrain, et alors que Chester commence a entamer le chant clair profondément énervé pour lequel on le connaît si bien, la guitare de Brad explose d’un coup, déversant un riff dur et saturé. La structure se répète, puis, avant un dernier refrain, la chanson se calme soudain, quand Chester se met a murmurer, sur un ton suffoqué, un message empli de désir et d‘émotion en cet instant si noir.

La piste suivante, Technique, est, comme l’extension de son intitulé nous le fait savoir, et bien… courte. Le son émerge en fondu, puis un sample de voix se fait entendre, et nous déclare que « You must exercise the proper technique… » …et c’est parti pour trente secondes de délires scratch-mix-et-tout-ça a la sauce Mr. Hahn ! Bon après tout, un album sans un passage ou ce type pète les plombs n’est pas un album digne du groupe ! Arrive ensuite la chanson Step Up, qui en dépit de son âge conserve un succès retentissant en live. On entend un bruit d’hélicoptère, puis une instrumentale se ramène, et Mike démarre a nouveau un couplet Hip Hop, pointant cette fois du doigt tous les groupes de rap en carton qui s’imaginent naïvement que pratiquer cet art est évident. Le refrain débarque de la même façon que sur le premier titre, mais peut-être en légèrement plus enjoué, moins cru en tout cas… tout au long de ce morceau, nous ressentons une ambiance comme éthérée. Lorsqu’on approche de la fin se font entendre des samples de voix éraillées tenant des discours étranges.


La chanson suivante, affublée du drôle de nom de And One, est sombre et violente. Sa structure est plutôt insolite : Chester chante rageusement mais doucement sur un fond sonore, puis au bout de quelques secondes, les musiciens se mettent a jouer, et les six membres du groupe laissent alors exploser leur colère, beat rapide de Rob, riff rock carton de Brad « saturation » Delson(d'accord, ce n’est pas drôle !), chant agressif de Chester, sonorité lourde… tous ou presque : étrangement, le phrasé rap de Mike semble s’être dérobé sur cette chanson. Mais il intervient vers les trois quarts de la chanson pour rapper un pont saccadé, torturé et précipité, amorçant le refrain final. On croit en suite que la chanson est terminée, mais non : après quelques instants de calme, Mike rappe un nouveau couplet, dont le contenu n’a absolument rien a voir avec la chanson, comme une sorte de mini-titre bonus… décidément, ce brûlot miniature est fait de bien curieuses surprises… Arrive en suit le fameux High Voltage, qui risque de scotcher plus d’un fan de Linkin Park les ayant découvert par le biais des médias… car cette chanson est une chanson Hip Hop ! Oui, mais pas une de celles auxquelles on penserait… en effet, l’instru est une création entièrement originale, et le flow de Mike s’avère très… personnel. Et honnêtement, ce titre est franchement réussi du point de vue musical. Les paroles ressemblent a des monologues de présentation de certains membres, on peut d’ailleurs entendre les crédits de l’album tout à la fin. Cela semble s’inspirer plus ou moins du même genre de concept qui inspirera six ans plus tard la première chanson du projet parallèle du leader Shinoda, qui elle en revanche s’avèrera être navrante de ridicule ! L’âge peut-être…


La dernière piste, Part of Me, se montre dans le goût des morceaux Carousel et And One, bien que possédant sa personnalité propre et une ambiance presque plus fantomatique que le titre Step Up. Puis on entend un bourdonnement six minutes durant, qu’on laissera passer l’air distrait, pour enfin se complaire dans l’ambiance de méditation de l’instrumentale cachée Secret, qui est en réalité la démo de la piste « session » qui figurera quatre ans plus tard sur l’album Meteora.

En conclusion, cet Hybrid Theory EP est un mini-joyau de noirceur et d’émotion, et surtout la quintessence de l’originalité que peut exprimer une formation qui n’a pas encore été prise dans les filets du business. A écouter, au moins une fois, en faisant fi de ses préjugés musicaux, pour l’essayer, et plus que tout, parce qu’il n’y en aura jamais deux comme lui.